Facebook : bilan d’une année mouvementée
Dans l’actualité numérique et les sujets couverts cette année, Facebook a occupé une place de choix en raison de ses relations publiques montagnes russes. Que retenir des changements d’algorithme de la dernière année qui ont directement touché les stratégies des marques, et surtout, l’après #CambridgeAnalytica? Comment se porte la confiance des utilisateurs envers Facebook? Un bilan s’impose.
Alors que The Daily Dot relatait le grand scandale numérique de 2018, nous avons, de notre côté, retracé les moments marquants qui ont suivi. Nous vous proposons donc un bilan annuel des hauts et des bas de Facebook grâce à un accès privilégié aux échanges internes d’une agence numérique. Parce que c’est en analysant le passé qu’on arrive à mieux planifier l’avenir!
Facebook dans l’eau chaude
Mars 2018 — Cambridge Analytica révolte la planète
Les données de Facebook sont utilisées sans le consentement des utilisateurs à des fins marketing. Un lien de confiance se brise à travers une couverture médiatique houleuse. Pour mieux comprendre les enjeux derrière ce tollé : écoutez l’épisode de notre balado Ctrl+A sur le sujet.
Été 2018
Juillet 2018 — Les plateformes font un gros ménage dans les faux comptes
Instagram et Twitter ont supprimé des millions de faux comptes dans les dernières semaines, après des mois (des années?) de spéculation sur le contenu des faux comptes et leurs effets sur les utilisateurs réels.
Ce qu’on retient : Silicon Valley a conçu ces plateformes, mais ne veut pas leurs problèmes tant que le chiffre d’affaires ou la réputation de celles-ci ne sont pas en jeu (ex. : perte d’abonnés ou crise d’image). Il est inutile d’attendre que ces plateformes apportent elles-mêmes les changements nécessaires. Nous devrions plutôt nous outiller pour y voir plus clair dans les indicateurs éventuellement incohérents (Coucou SocialBlade pour la détection des faux abonnés!)
Juillet 2018 — Facebook n’arrive pas à régler son problème de désinformation
On documente de façon très claire le refus ou l’incapacité de Facebook et des entreprises tech en général de régler les problèmes causés par l’utilisation abusive de leurs plateformes (lire ici les dommages réels causés aux utilisateurs).
Ce qu’on retient : La dure vérité est que ça ne nuit pas à leurs résultats financiers ou à la croissance du nombre de leurs utilisateurs (comme nous l’avons constaté après le scandale de Cambridge Analytica), même rien n’est fait pour régler les problèmes causés. Résoudre le problème n’est pas une priorité pour ces plateformes, c’est leur croissance qui importe.
Août 2018 — Le processus de modération de Facebook vu de l’intérieur
Lecture longue (mais intéressante) si vous n’avez pas suivi le dossier concernant la façon dont Facebook s’y prend pour lutter contre les discours haineux. Le magazine Vice a recueilli des documents internes et interviewé des employés de Facebook, actuels et anciens, pour rédiger cet article.
Ce qu’on retient : Zuckerberg pense que les problèmes de Facebook peuvent être résolus. De nombreux experts ne sont pas de cet avis.Son optimisme exagéré quant à l’utilisation future de sa plateforme ne lui a pas été bénéfique ces derniers mois.
Automne 2018
30 septembre 2018 — Les deux cofondateurs d’Instagram viennent de démissionner
Kevin Systrom et Mike Krieger ont annoncé leur départ de la société de média social qu’ils ont fondé ensemble. La décision aurait été prise en raison des tensions croissantes entre eux et Mark Zuckerberg au sujet de l’orientation du produit.
Ce qu’on retient : Vous vous souvenez que le fondateur de WhatsApp est AUSSI parti à cause de la gestion des problèmes de confidentialité sur la plateforme? On dirait que Zuck gère son empire d’une manière Thatcher-esque et qui dégoûte jusqu’à la haute direction. Si seulement on pouvait dire que ça avait porté ses fruits jusqu’à présent…
8 octobre 2018 — La gestion toxique de Facebook motive la démission du fondateur de WhatsApp
Forbes a rencontré Brian Acton, cofondateur de WhatsApp, pour discuter des raisons pour lesquelles il a quitté WhatsApp (que Facebook a acheté pour 19 milliards de dollars en 2014), qui se résume essentiellement à l’utilisation des données confidentielles par les deux plateformes. En fin de compte, Facebook a associé les numéros de téléphone aux identifiants Facebook pour la diffusion de publicités ciblées.
Ce qu’on retient : Je vais laisser faire le discours du « Le seul objectif de Facebook est d’avoir plus de données pour faire plus de cash ». Plutôt, réfléchissons à l’importance de l’accès aux données de nos jours : ceux qui sauront obtenir des données (et les interpréter) sortiront vainqueurs de ce jeu de marketing technologique.
18 novembre 2018 — Zuckerberg peut-il réparer Facebook?
Il semble s’être proclamé le seul capitaine du navire et il s’est engagé à le réparer d’ici la fin de 2018. Mais est-il l’homme de la situation? Pas si on en croit le New York Times. Pourrait-il être remplacé? Pas vraiment.
Ce qu’on retient : Facebook est-elle vouée à l’échec? Sur le plan des RP, les choses ne vont pas très bien (sa stratégie ne fonctionne pas vraiment non plus). Et ça ne va pas vraiment mieux pour ce qui est des utilisateurs mensuels actifs. MAIS du point de vue des revenus, Facebook se porte très bien (même si elle a minimisé les attentes dernièrement). Tant que ses revenus dépendent de la publicité, ça m’étonnerait qu’on fasse beaucoup de changements.
16 décembre 2018 — Le projet Fact Checker de Facebook ne va pas bien, selon ceux en charge
Des contrôleurs de Facebook ont déclaré au Guardian que la collaboration de la plateforme technologique avec des journalistes externes a donné de faibles résultats et qu’ils ont perdu confiance en Facebook. La plateforme a refusé à plusieurs reprises de publier des données significatives sur les retombées de leur travail.
Ce qu’on retient : C’est essentiellement une affaire de RP. Force est d’admettre qu’aucun progrès important ne semble avoir été fait en ce qui concerne le problème des fausses nouvelles. Les journalistes impliqués dans le projet commencent même à dire que le fait de travailler avec Facebook est mauvais pour leur image. Oups.
Hiver 2019
13 janvier 2019 — Les baby-boomers n’arrivent pas à distinguer le vrai du faux sur Facebook
Des chercheurs américains ont découvert que les personnes âgées de plus de 65 ans sont les plus susceptibles de partager de fausses nouvelles sur Facebook. L’âge semble prédire le comportement mieux que toute autre caractéristique (niveau de scolarité, nationalité, sexe) dans ce cas.
Ce qu’on retient : C’est ce que j’appelle « l’adolescence numérique » (un livre que je n’ai jamais écrit finalement…). Nos parents ou grands-parents se retrouvent dans une situation complètement différente de la nôtre : nous sommes faisons preuve de maturité technologique, alors qu’eux, en tant qu’utilisateurs novices… font n’importe quoi. C’est amusant de les voir commenter une photo en pensant qu’ils envoient un message privé. Ça l’est vraiment moins lorsqu’ils partagent de fausses nouvelles (et qu’ils y croient).
27 janvier 2019 — Facebook commencera à crypter les messages sur Instagram et Messenger
Après avoir annoncé qu’elle allait (en quelque sorte) fusionner les messages Messenger, WhatsApp et Instagram en une seule plateforme, Facebook a également annoncé qu’elle commencerait à encrypter les messages sur Messenger et Instagram.
Ce qu’on retient : Le fondateur de WhatsApp était contre toute forme de fusion des plateformes de Facebook (principalement à cause du cryptage ou de l’absence de cryptage). Cette nouvelle n’est pas vraiment surprenante maintenant qu’il n’est plus dans le décor. Personnellement, je pense que l’idée de faciliter le passage des utilisateurs entre les applications (et d’ajouter le cryptage) est un écran de fumée : Facebook le fait pour diffuser plus de publicité, augmentant ainsi ses revenus.
27 janvier 2019 — Les gens ne savent pas comment Facebook fait pour connaître leurs préférences
Pew Research a publié une étude sur la perception des utilisateurs en ce qui a trait à la façon dont Facebook apprend (et stocke) leurs préférences à des fins de ciblage publicitaire. 74 % des utilisateurs américains de Facebook ne savaient pas que Facebook tenait à jour une liste de leurs préférences et de leurs comportements.
Ce qu’on retient : Bien que le sondage ait été réalisé en septembre dernier (Facebook a continué d’avoir une mauvaise presse par la suite), il semble que les gens ne savent pas vraiment quel genre de données personnelles ils transmettent à Facebook. Bonne nouvelle pour Facebook : tant que les gens ne savent pas dans quelle mesure les données personnelles sont récoltées, ils ne risquent pas (trop) de s’énerver…
3 février 2019 — Les récents problèmes de Facebook ne nuisent pas à ses résultats financiers
Leur chiffre d’affaires a augmenté de 9 % par rapport au dernier trimestre de l’exercice précédent. Le nombre d’utilisateurs actifs mensuels fait également état d’une hausse de 9 % sur douze mois. La baisse du nombre d’utilisateurs actifs en Europe s’est traduite par en une augmentation de 6 millions d’utilisateurs par rapport au trimestre précédent.
Ce qu’on retient : Nous parlons BEAUCOUP des problèmes de Facebook (moi le premier), mais la vérité est que l’entreprise va encore très bien. On a tous l’air un peu fâchés contre elle, mais la grande majorité d’entre nous utilise toujours la plateforme et nos clients y investissent encore de l’argent. Tant que Facebook profitera de ces deux choses, elle n’ira nulle part.
17 mars 2019 — Environ 15 millions d’utilisateurs américains ont quitté Facebook depuis 2017
Edison Research rapporte que la baisse la plus importante a été enregistrée dans le groupe des 12-34 ans, dont le nombre d’utilisateurs est passé de 79 millions en 2017 à 62 millions en 2019. Le seul groupe d’âge en croissance est celui des 55 ans et plus (hausse de 4 millions en deux ans). La diminution du nombre d’utilisateurs de Facebook coïncide avec la croissance des utilisateurs d’Instagram.
Ce qu’on retient : Les gens passent de Facebook à Instagram. La leçon à retenir ici est que les gens ne passent pas nécessairement moins de temps sur les médias sociaux, ils passent simplement du temps ailleurs que sur Facebook.
Printemps 2019
7 avril 2019 — La publication la plus populaire de l’année sur Facebook est un gros clickbait
Elle a été écrite par une petite station de radio aux États-Unis et avait un titre alarmant, mais équivoque sur le plan géographique : « Un prédateur d’enfants soupçonné de trafic humain pourrait se trouver dans notre région ». Elle a maintenant été partagée plus d’un million de fois.
Ce qu’on retient : Facebook raconte que les innombrables modifications apportées au fil des ans visent à promouvoir un « contenu de haute qualité », à avoir un effet dissuasif sur les like-baits, à encourager la vérification des faits et à désavantager les pages qui pratiquent la désinformation. Ce n’est évidemment pas le cas. C’est un pur clickbait et un contenu de faible qualité. Pourtant, c’est l’histoire la plus populaire de l’année jusqu’à présent. C’est plus que choquant.
16 juin 2019 — Les Deepfakes arrivent sur Facebook et Instagram
Il y a une vidéo hypertruquée montre Mark Zuckerberg qui parle de dominer le monde d’une façon ou d’une autre. L’image est assez convaincante, mais la voix, pas tant que ça. Après avoir d’abord décidé de ne pas la supprimer (comme elle l’avait fait avec la fausse vidéo de Nancy Pelosi il y a quelques jours), Facebook a changé d’idée… parce que la vidéo portait atteinte à la marque déposée de CBSN.
Ce qu’on retient : Facebook a beaucoup de difficulté à suivre ses propres politiques, comme l’illustre la décision de ne pas supprimer les fausses vidéos qui font de la désinformation. Tant que les décisions ne seront pas prises en fonction de principes moraux, on ne sera pas sorti du bois.
24 juin 2019 — Les scandales en matière de protection de la vie privée nuisent (grandement) à Facebook
L’affaire Cambridge Analytica (et plusieurs autres erreurs monumentales) a eu des répercussions négatives sur le taux d’engagement des utilisateurs de la plateforme. Des données de sources indépendantes révèlent une baisse de l’engagement est de 20% depuis avril 2018, même si les données officielles de Facebook indiquent le contraire.
Ce qu’on retient : Je pense que la vraie réponse se situe quelque part entre les deux. L’utilisation de Facebook est (très probablement) en baisse à l’échelle mondiale, mais je ne pense pas que ce soit uniquement à cause des scandales. Il s’agit peut-être juste d’une forme d’épuisement généralisé.
Pour les passionnés qui souhaitent approfondir leur réflexion
Que réserve l’avenir à Facebook? Sera-t-il synonyme de croissance? De statu quo? De déclin? Dans tous les cas, notre équipe en marketing de contenu se fera un plaisir de vous aider à saisir les opportunités pour votre marque!
Entre temps, ces contenus devraient stimuler vos neurones :
- Dans l’entrevue « Comment se porte votre image de marque en ligne? », j’explique à quelle réalité doivent s’adapter les marques, tant digital native que traditionnelles.
- Quelles répercussions les médias sociaux ont-ils sur les consommateurs? Le scientifique de données, Nicolas Scott, passe au peigne fin les différents mécanismes qui influencent les comportements.
- Envie d’un exemple un peu plus concret? Découvrez comment nous avons accompagné l’équipe des médias sociaux de Nespresso!