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Pourquoi les millennials aiment Snapchat
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Pourquoi les millennials aiment Snapchat

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Médias sociaux Contenu

Note au lecteur: Si tu es perplexe à la lecture des termes snap, story ou filtres, on suggère de prendre 2 minutes pour apprendre quelques définitions ici.

Suite à la lecture de cet article sur BuzzFeed il y a quelques semaines, j’ai pris un coup de vieux. Étant considérée comme la personne de mon entourage qui utilise Snapchat de façon la plus intensive (demandez à mes amis ou collègues de travail, ils vous confirmeront que mon amour pour l’application frôle parfois l’obsession), je n’étais pas préparée aux découvertes que j’y ai faites.

L’adolescente américaine dont il est question est une utilisatrice extrême:

  • Elle peut recevoir et envoyer près de 40 snap par minutes;
  • sa Story est vue par des centaines de personnes (amis ou non);
  • son score se compte dans les centaines de milliers.

À titre de comparaison, je suis active sur la plateforme depuis plus de 2 ans, j’envoie une quinzaine de snap par jour, ma Story est vue par une cinquantaine de personnes et mon score n’est qu’une fraction de celui des adolescents américains dont il est question dans l’article.

Est-ce que ces ados sont représentatifs de tous les ados aux États-Unis? Impossible de le dire à la simple lecture de ce billet et l’utilisation varie probablement selon une multitude de facteurs. Par contre, ma curiosité était bel et bien piquée et j’ai voulu faire l’exercice et interroger des ados québécois.

J’ai rapidement accumulé les réponses, de parents, de profs ou d’amis qui m’ont offert de les mettre en contact avec des ados et jeunes adultes de leur entourage. Au cours des entretiens, les discussions ont rapidement dépassé le spectre de Snapchat, ce qui m’a permis de construire des portraits plus complets de leur utilisation des médias sociaux.

Mia, 12 ans et demie, secondaire 1

Ma première candidate commence en force, lorsque je lui demande quels sont les médias sociaux qu’elle utilise au quotidien, les deux premières applications dont elle me parle (musical.ly et WattPad) me sont inconnues. Après quelques recherches, je réalise que Wattpad, un réseau social littéraire où les utilisateurs peuvent créer et échanger des histoires, compte près 40 millions d’utilisateurs et un article de l’auteure Elizabeth Spann Craig raconte que Wattpad est la seule plateforme où la majeure partie de ses lecteurs ont entre 13 et 18 ans.

Mia suit-elle des comptes YouTube? Oui, et en si grand nombre que si on lui demande lesquels, il lui faudra sortir son ordinateur pour en sélectionner quelques-uns. Au-delà de ces quelques plateformes, elle entretient tout de même un compte Instagram (mais n’y va pas souvent) et Facebook, qu’elle avoue classer en dernier dans ses préférences, considérant la plateforme comme une “application de vieux” où on y retrouve beaucoup trop de publicité.

Pourquoi Snapchat?

À la lumière de ses premières réponses, je plonge dans le vif du sujet en lui demandant ce qui l’intéresse dans une application comme Snapchat. « Le fait que tu choisis à qui tu envoies le contenu que tu crées et que ce soit fait de façon privé, contrairement à d’autres médias sociaux où notre identifiant peut facilement être trouvé et où on y laisse des traces un peu partout. »

Rester en contact tout le temps

La plateforme lui sert aussi à rester en contact avec d’autres jeunes avec qui elle communique déjà sur d’autres plateformes, comme cette amie virtuelle avec qui elle discute et échange des histoires sur Wattpad et avec qui l’amitié s’étend jusqu’à Snapchat.

Aucun souci de performance

Les indicateurs de performances, comme le score, le nombre de vues et d’amis, n’ont aucune importance à ses yeux. La plateforme lui sert de communication amusante avec ses amis et le concept de performance est complètement exclu de son discours.  

Lorsque je termine mon entretien au téléphone avec elle, je lui demande si je peux lui écrire sur Facebook si j’ai d’autres questions. « Écris-moi plutôt sur Snapchat! »

Ah, bien sûr…

Q/R sur Snapchat avec Mia

Alyssandre, 13 ans, secondaire 1

Alyssandre est en secondaire 1 et pratique le Cheerleading dans l’équipe de son école. J’ai d’ailleurs discuté avec elle quelques heures avant qu’elle ne se rende à une compétition. Pour elle, c’est Facebook, Instagram et Snapchat qu’elle utilise au quotidien depuis un iPod, n’ayant pas encore de téléphone cellulaire. Elle est aussi abonnée à des chaines YouTube, principalement des comptes de YouTubers québécois.

Pourquoi son premier choix s’arrête sur Facebook? « C’est le média social que j’ai eu en premier et c’est là que sont rassemblés la plus grande majorité de mes amis. On peut aussi utiliser le chat pour discuter entre amis, c’est donc la plateforme la plus complète pour moi, celle qui m’offre tout ce dont j’ai besoin ».

Et la pub? Elle la voit, ça ne la dérange pas, mais elle ne clique jamais dessus.

Je lui demande de spécifier ce qu’elle entend lorsque je parle de publicité sur Facebook: « celle qui apparait à droite du fil de nouvelles ».

Pourquoi Snapchat?

Ce qui intéresse le plus Alyssandre sur la plateforme, c’est son potentiel créatif: « Depuis la mise à jour, les animations et les filtres à effets spéciaux sont des fonctions que j’adore! ».

Aucun souci de performance

Encore une fois, il n’est pas question de performance pour elle, qui échange exclusivement avec son groupe d’amis. Elle précise s’assurer que tous ses réseaux sont bien privés et sécurisés.

Fuir les parents?

Lorsque je lui demande si Snapchat est une échappatoire aux réseaux comme Facebook qui sont maintenant investis par plusieurs parents, sa réponse m’indique que Snapchat ratisse peut-être plus large qu’on pense : « non, mes parents l’ont aussi! ».

Q/R sur Snapchat avec Alyssandre

Daphnée, 16 ans, secondaire 4

Daphnée utilise Instagram, Facebook et Snapchat. Lorsque je lui demande pourquoi Facebook figure dans ses préférences, elle répond qu’elle l’utilise pour communiquer avec ses amis, savoir où ils se trouvent et voir ce qui se passe dans leur vie. Son commentaire rejoint l’impression que j’ai eue en discutant avec les autres ados: Facebook est encore la plateforme « par défaut » pour les interactions sociales en ligne. Elle suit aussi quelques vedettes québécoises et internationales. Quant à YouTube, elle consulte la plateforme uniquement pour écouter de la musique.

Pourquoi Snapchat?

Daphnée est sur la plateforme depuis 2 ou 3 ans et une centaine de personnes consultent ses publications sur sa Story. C’est d’ailleurs le chiffre le plus élevé que j’ai recensé au cours de mes entrevues. Pour elle, son score n’a pas vraiment d’importance, et toutes les personnes qui ont accès à son profil font partie de ses amis ou de ses connaissances. Ce qu’elle aime le plus sur la plateforme? Les effets et les filtres animés.

Malgré la centaine de personnes qui voient ses Story à chaque jour, elle communique uniquement en snap avec une dizaine d’amis au quotidien.

Q/R sur Snapchat avec Daphnée

Thuy-Lien 18 ans, cégep

En m’adressant à une jeune adulte, j’ai remarqué une grande différence dans la façon de percevoir et utiliser des médias sociaux. Thuy-Lien a une conscience très lucide de sa propre utilisation. Au quotidien, ce sont Facebook, Instagram, Snapchat, YouTube et un peu de Tumblr qui font partie de ses médias sociaux de choix. Elle admet préférer Instagram pour les visuels attrayants et esthétiques proposés sur la plateforme. Elle-même crée du contenu en prenant bien soin de choisir et de publier des images qui respectent sa ligne éditoriale personnelle.

Elle utilise les médias sociaux pour visionner du contenu, comme des émissions coréennes qu’elle retrouve sur YouTube, mais aussi pour se renseigner en tant que consommatrice. Elle admet y faire des découvertes et des achats de produits basés sur des recommandations d’amis en ligne ou en naviguant d’une image ou d’une page à l’autre.

Pour elle, la publicité sur Facebook et Instagram est bel et bien visible. Ce qu’elle n’apprécie pas, c’est lorsque ces publicités ne vont pas dans le sens de ses intérêts.

Pourquoi Snapchat?

Ce qui l’attire de la plateforme? « Le fait que ça disparaisse, le contenu change rapidement et on n’a pas à penser à long terme. Et il n’y a pas de montage, ça force à livrer le message rapidement et aller droit au but. C’est comme YouTube, en moins long!»

Un son de cloche qui résonne avec les paroles de Carlos Gil, expert en marketing sur les médias sociaux, qui a abordé la question récemment dans un épisode de podcast consacré à la plateforme en décrivant Snapchat comme un mélange de Twitter, pour l’aspect concis et instantané, et YouTube pour la vidéo ancrée dans le quotidien.

Aucun souci de performance

Niveau performance, le score d’utilisation n’est pas très important pour elle, même si elle trouve cette facette de l’application amusante. Comme la plupart des personnes interrogées, elle communique uniquement avec des personnes qu’elle connait : « Je n’ajoute pas n’importe qui ».

Thuy Lien consomme quelques fois les contenus des médias partenaires sur Discovery, mais ce n’est pas nécessairement une habitude. Ses préférés? Food Channel et BuzzFeed!

Q/R sur Snapchat avec Thuy-Lien

Margaux 20 ans, cégep

Ici, le trio Facebook-Instagram-Snapchat l’emporte encore. La raison? Rester informée des sujets d’actualité qui l’intéresse et communiquer avec ses amis, chose que ces 3 médias sociaux peuvent lui offrir (à condition de filtrer, nuance-t-elle). En parallèle, elle est aussi abonnée à plusieurs chaînes YouTube pour écouter de la musique et visionner des documentaires. Elle consultera parfois les médias sociaux pour s’informer sur des produits qui l’intéressent, mais ira toujours acheter en magasin.

Lorsque je l’ai questionnée sur les nouvelles publicités Instagram, sa réponse était enthousiaste : « Je les ai remarquées et ça ne me dérange pas du tout! Elles sont bien faites et discrètes! ». Une réponse qui résonne avec les hautes exigences que s’est imposée la plateforme avant de lancer ses formats publicitaire, désirant offrir une expérience utilisateur optimale.

Pourquoi Snapchat?

La raison de son intérêt réside dans l’information qu’elle y trouve : « J’aime les Story, lorsque je regarde celles de mes amies, c’est comme visionner de courts montages de leurs vies, certaines de mes amis font des histoires très drôles, alors que d’autres utilisent les fonctions de textes et de dessin pour créer des Story très artistiques ». Snapchat lui permet aussi de garder contact avec des amis qu’elle aurait perdu de vue autrement et avec des membres de sa famille qui sont en France.

Une utilisation raisonnable

En communiquant uniquement avec des membres de son entourage, elle considère son utilisation comme étant modérée, mais avoue que certaines de ses connaissances l’utilise abondamment, comme sa cousine de 14 ans qui, selon elle, va jusqu’à construire de nouvelles amitiés sur la plateforme.

Discovery

Elle consulte régulièrement les contenus des médias partenaires Discovery et les Live. Elle adore particulièrement lorsque ces derniers s’incrustent à l’arrière-scène des Fashion Weeks, un peu partout dans le monde. « C’est comme si on y était aussi! ». Un autre média partenaire de Snapchat qu’elle consulte régulièrement est Vice, qui, selon elle, s’adresse parfaitement à sa génération.

Q/R sur Snapchat avec Margaux

 

En fin de compte, les millennials sont-ils vraiment accro à Snapchat?

Bien qu’en bout de ligne, j’ai observé des comportements beaucoup plus nuancés que ceux décrits dans l’article qui avait motivé mes recherches, l’expérience reste tout de même enrichissante. Ce que je retiens le plus, c’est le potentiel créatif de communication et cette nouvelle façon de consommer l’information qui semble vraiment intéresser les personnes avec qui j’ai pu m’entretenir. Les filtres animés (qui réinventent le selfie) ou les cibles de géolocalisation ont été mentionnés à plusieurs reprises comme étant un des éléments les plus intéressants de la plateforme. Ça tombe bien, Snapchat vient tout juste de permettre la soumission de filtre géolocalisé au public, moyennant des frais beaucoup plus raisonnables que le prix de leurs publicités actuelles.

Autre élément intéressant, la plateforme étant dépouillée d’indicateurs de performance comme les “J’aime”, les commentaires ou les partages, la pression de plaire repose moins sur l’utilisateur quand vient le temps de publier. C’est peut-être ce qui peut expliquer l’engouement grandissant qu’on observe de jours en jours.

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