La Presse+ : Premières impressions recueillies sur le terrain
De nombreux experts se sont déjà prononcés sur la nouvelle application de la Presse, mais qu’en pensent de simples lecteurs? Étienne Delagrave et Gabrielle Provost sont allés en rencontrer dans des cafés du Plateau Mont-Royal.
Nous avons abordé directement sept personnes et quatre d’entre eux ont gentiment accepté d’essayer l’application La Presse+ et de nous livrer leurs impressions. Les entrevues ont duré une dizaine de minutes et ont été filmées. Notons que nous sommes conscients que l’application peut prendre un certain temps à apprivoiser et que quelques-unes des difficultés rencontrées par les participants s’estomperaient avec le temps.
Ce que les participants en pensent
Les participants trouvent que l’interface est très belle
Sans aucun doute, l’interface est belle, les couleurs sont vibrantes et le multimédia enrichi l’expérience de lecture.
Les participants apprécient le mode de lecture plein écran
Lorsque les lecteurs effectuent un geste d’écartement des doigts, un mode plein écran est activité et permet notamment d’agrandir les caractères, de changer le format du texte et de faire défiler les articles automatiquement. De manière générale, les participants ont eu de la facilité à activer ce mode.
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Les participants ont facilement localisé les fonctionnalités sociales
Les participants ayant un intérêt pour les fonctionnalités de partage ont facilement localisé celles-ci. Ils étaient généralement satisfaits des possibilités offertes.
Les participants ont de la facilité à naviguer d’un cahier à l’autre, mais ne trouvent pas les aperçus de section
De manière générale, les participants ont réussi à facilement naviguer dans l’application, mais ils ont parfois éprouvé de la difficulté à savoir où ils se trouvaient dans le journal. De manière intuitive, ils ont activé le menu des sections (les cahiers du journal), mais n’ont pas activé l’aperçu d’une section (les pages d’un cahier). Certains ont mentionné qu’ils aimeraient avoir une meilleure vue d’ensemble du journal.
Les participants ont du mal à déterminer si une zone peut être défilée verticalement ou pas
Les participants ont fréquemment tenté de défiler des zones qui ne pouvaient pas l’être. L’application n’offre pas d’indice visuel qui permette au lecteur de le savoir si une zone peut être défilée verticalement ou non.
Les participants comprennent mal l’utilité des onglets à l’intérieur d’un article
Certains articles sont divisés en sections auxquelles on accède par une navigation à onglets. Les participants comprennent mal que chaque onglet est une portion d’un même article et pensent parfois qu’il s’agit de plusieurs articles sur un même sujet. Il semble que la navigation ne soit pas intuitive pour lire la suite d’un article. Nous croyons que les onglets interrompent en quelque sorte la lecture et que l’interaction pourrait être plus fluide.
Les participants ont des avis partagés sur la publicité
Certains participants ont beaucoup aimé les publicités interactives, d’autres étaient plutôt indifférents. Le participant le plus réticent envers la publicité a fait preuve d’un peu de tolérance lorsqu’il a appris que l’application était offerte gratuitement. On remarque que les publicités ne sont pas intrusives et que, de manière générale, elles ont fait sourire les participants. Certains ont même affirmé qu’ils auraient plus d’intérêt envers une publicité interactive, surtout envers celles qui ont une valeur ajoutée telle qu’une bande-annonce pour une publicité de film.
Avis d’experts
Étienne Delagrave
Les publicités plein écran, insérées dans la séquence des pages du quotidien, sont à la fois immersives et interactives, mais sans être contraignantes. Cette approche, possible uniquement à cause du mode de consultation linéaire du quotidien, pourrait bien être une approche gagnante pour eux. En effet, l’utilisateur n’est pas forcé d’attendre avant de pouvoir passer la pub, comme c’est le cas dans YouTube. C’est donc respectueux du lecteur, d’autant plus que le contenu est gratuit.
Gabrielle Provost
Ce qui est bien avec La Presse+, c’est que le journal en entier peut être lu hors ligne. L’utilisateur qui voyage en métro, par exemple, peut donc télécharger son édition le matin à la maison et la lire durant son trajet. De plus, puisque le contenu d’une édition donnée est stable, les lecteurs ont vraiment l’impression de pouvoir parcourir le journal en entier. Bien que les lecteurs apprécient le fait d’avoir accès à des nouvelles en direct sur le Web, ils ont parfois l’impression d’être submergés d’information et de ne pas avoir de contrôle sur ce qu’ils lisent, ce qui ne se produit pas avec La Presse+.
Jean-François Renaud
Jean-François discutait du modèle publicitaire et de la grille tarifaire assez audacieuse lors d’une entrevue à Radio-Canada.
Pronostic
Le virage numérique de La Presse est ambitieux. Son succès dépendra avant tout de l’adoption des outils publicitaires proposés par les annonceurs et c’est pourquoi l’entreprise devra rester à l’écoute et, peut-être, ajuster son modèle au fil du temps. On pense notamment à la viabilité du modèle gratuit pour le lecteur et au besoin de mesure (ex. : nombre de vues, nombre d’interactions, etc.) que réclameront sûrement les annonceurs. Mais si l’entreprise continue à investir dans l’avenir et dans la qualité de son contenu, elle a de bonnes chances de devenir l’un des pionniers du virage numérique dans le domaine de l’information journalistique.
Un merci tout spécial aux participants, à Flocon Espresso et à Café Expressions qui nous ont permis d’aborder leurs clients.