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La Journée Infopresse Web 3.0 2011 en citations
1L’art de la gestion de projet2Un projet à succès commence par une bonne gouvernance3Cascade, agilité, demandes de changement?

La Journée Infopresse Web 3.0 2011 en citations

  • Niveau Technique
Stratégie d'affaires

J’ai assisté aujourd’hui à la Journée Infopresse Web 3.0 (où j’ai rencontré mes sympathiques clients de chez Santinel), où étaient présenté quatre conférences sur ce thème aussi imprécis qu’à la mode qu’est le Web 3.0. Voici donc les faits saillants de cette journée sous forme de citations plus mémorables que j’ai commentées.

 

Conférence de Karl Dubost (Opera, ancien du W3C) : La sémantique : l’avenir du Web?

«La sémantique : l’avenir du Web?» : le titre de la conférence mérite d’être commenté, car le point d’interrogation a rapidement semblé y être superflu. Pour l’ancien du W3C qui faisait la présentation, il était clair que la sémantique est l’élément-clé du Web de demain. Et sur ce point, je ne peux qu’être en accord.

«Le fait que des liens puissent casser est une feature essentielle du Web» : pour le présentateur, il est inutile, voire redondant de tenir une base de données qui répertorie tous les liens (bien qu’à mon avis c’est exactement ce que Google essaie de le faire), et cette liberté d’ajout et de retrait du contenu est nécessaire à l’ouverture de tout le système.

«La technologie est inutile sans problème à résoudre» (en commentant les recherches qui ont mené à la création du Web par Berners-Lee) : le Web sert à relier des concepts, des contenus entre eux, son origine vient du besoin de consolider différentes sources d’information numérique. Jean-Sébastien nous avait d’ailleurs expliqué en 2009 qu’une bonne stratégie Web devrait prévoir la planification avant les choix technologiques.

«Les enfants savent faire du Web sémantique» : malgré la terminologie qui semble très abstraite, le Web sémantique repose sur la capacité de relier des concepts adjacents entre eux, comme l’enfant qui associerait des animaux à leur milieu.

«L’adresse URL est l’identifiant, pas le contenu» : le contenu peut changer sur la même adresse, et il est essentiel de bien déménager ses contenus en effectuant les bonnes redirections 301 pour sauver le référencement si des adresses venaient à changer.

«Apprenez à construire des ruines» : construisez un contenu qui va vieillir de belle façon. Trop d’agences détruisent trop de contenus en effectuant des refontes, un terme que le conférencier déteste.

«Le fait que les gens n’aient pas accordé l’accès en write est juste un artéfact de l’Histoire du Web» : le Web est social par essence et la possibilité d’une approche de contenu collaborative a toujours existé. Le fait que les sites du web dit 1.0 n’aient pas été ouverts est né de la frilosité des organisations publiant les sites.

«Les termes Web 2.0, Web 3.0 ne sont que des termes marketing» : le Web progresse de façon organique, et beaucoup des éléments de chacune des phases existent dans les phases précédentes et suivantes.

«eG8 : la société civile s’implique pas», mais essaie d’avoir recours aux autorités : il est déplorable que la plus grande partie prenante d’Internet, le grand public, soit passif et, à la moindre inquiétude, demande aux gouvernements de légiférer au sujet d’Internet, ce qui, pour le présentateur, mine l’ouverture du réseau. J’ai tendance à être très d’accord sur ce point. Surtout lorsque les gouvernements cèdent à la pression de lobbys industriels plutôt que de défendre les intérêts de la majorité (développements récents sur le throttling au Canada, Hadopi en France).

«Y’a jamais rien eu d’aussi antisocial que les médias sociaux : on met les utilisateurs dans des silos: Facebook, Twitter, etc.» : alors que le courriel est ouvert, comme le Web par nature, les réseaux sociaux se sont développés en chasses gardées.

«Y’a mieux à faire que de piéger les gens» : le marketing Web peut prendre des formes très insidieuses, et les annonceurs recherchent le contrôle et le ciblage ; pourtant, certaines des approches les plus efficaces reposent sur l’ouverture et le partage de valeurs entre l’annonceur et l’auditoire, en rendant les données accessibles, vous créez le marché : l’exemple BestBuy est frappant. On crée aussi des liens sociaux et un capital de sympathie en libérant les données : si la STM libérait ses données, toute la communauté serait susceptible de développer des applications utiles, et le fardeau de ce développement ne reviendrait pas seulement à la STM. Infopresse produit même beaucoup de données (malheureusement mal structurées) dans ses nominations de la semaine : ces données pourraient être intéressantes pour toutes sortes de gens, même à l’extérieur de l’industrie (ex.: des sociologues étudiant un marché d’emploi). À partir du moment où vous libérez vos données, les usages sont multiples (ex.: l’industrie vs. des sociologues).

Conférence de Ralph Van Coillie (Transcontinental) :

«Comment je peux faire du marketing 1 pour 1, tout en ayant une offre de produits très vaste?» : cette citation résume bien le grand défi posé par la masse énorme de données rendues disponibles par le Web d’aujourd’hui.

«Convergence consolidée» : une grande tendance est l’intersection de deux sous-tendances : convergence technologique (les appareils se diversifient mais finissent par tous utiliser le Web) et consolidation des données (le public recherche une façon de grouper ses données personnelles actuellement éparpillées parmi de nombreux fournisseurs de services) : à terme, on peut imaginer qu’un seul appareil mobile polyvalent pourrait gérer toute les données d’un individu.

«C’est pas parce que vous êtes expert dans votre domaine que cela vous dispense de vous faire challenger» : le présentateur donne l’exemple de Epocrates, une application sur les posologies que 45% des médecins américains détiennent, mais qui est aussi accessible au public, ce qui pourrait amener le public à mettre au défi les prescriptions médicales. Cette observation est juste et va à coup sûr déranger, mais le présentateur n’a pas eu le temps d’approfondir. À mon avis, l’accessibilité à l’information infinie donne une leçon d’humilité même aux plus grands spécialistes et force tous les acteurs à collaborer à la solution d’un problème.

Normand Miron + Jeanlouis Gusiew (Ogilvy) : L’évolution des comportements des consommateurs 3.0

«Branché sur le monde, c’est branché sur mon monde» (Gusiew) : l’accès à l’information planétaire élargit les possibilités de consommation, mais génère aussi une obligation de pertinence de la part des annonceurs.

«Pour la première fois le consommateur utilise les mêmes outils que l’annonceur» (Miron) : les deux ont les mêmes munitions. Cette phrase est importante en ce qu’elle peut rappeler aux annonceurs qui s’inquiètent des médias sociaux que le rapport de force était traditionnellement déséquilibré et tend vers l’équilibre. À mon avis, les médias sociaux ne sont pas une anomalie dans la relation consommateur-annonceur, mais plutôt un élément-clé qui ramène le rapport de force à un niveau sain.

«Planifier le spontané» (inspiré de TrendWatch) : les actions publiées sur les médias sociaux peuvent sembler spontanées, mais elles ont souvent une origine claire, par exemple, l’établissement d’un statut social. Les annonceurs doivent comprendre l’agenda des consommateurs pour leur offrir ce qu’ils voudront publier sur les médias sociaux.

Frédéric Cavazza : À quoi ressemblera le Web de demain?

«Le Web 3.0 ça existe pas, tout comme le Web 2.0» : il en remet sur ce qu’a dit Dubost!

«L’Union Européenne a mis Microsoft à genoux, le jour où ils s’intéresseront à Facebook, ils les plieront en deux» : il semblait accueillir cet enjeu de façon plutôt indifférente. Il a aussi répété plusieurs fois que l’État français avait accepté officiellement un service d’identité numérique « certifiée » (MyID.is). Ces remarques témoignent à mon avis d’une importante différence de mentalités entre l’utilitarisme en Amérique du Nord et la légifération parfois abusive en Europe en ce qui a trait à la liberté en ligne et la vie privée sur le Web en général.

«Dans cette vision très séquencée du Web, il n’y a pas de remplacement (…) c’est vraiment de l’accumulation» : il est important de garder en tête que les principes du Web dit 1.0 tiennent toujours.

«Le coeur du débat n’est pas qui va gober les 1% de commission sur les paiements, mais comment les programmes de fidélisation pourront s’intégrer au portefeuille électronique» : ça dit tout.

«En termes de médias sociaux, il n’y aura pas de retour en arrière» : le social est ancré dans les habitudes quotidiennes des internautes, et l’usage gagne en maturité.

«J’accumule autant de données que je peux, faites-en ce que vous voulez» : on voit surgir un modèle de partage de données où la finalité du partage n’est pas connue au moment de la diffusion (partager pour partager) : vous (la communauté en ligne) avez les outils pour vous en servir, on verra bien ce qui en ressort. Il cite l’exemple de Trulia (site d’immobilier) qui utilise les données de criminalité pour donner le score de sécurité des quartiers: c’est un argument très fracassant de vente pour le site, à la limite de l’anticoncurrentiel.