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Sortie de l’ombre d’un nouveau média: le webdocumentaire
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Sortie de l’ombre d’un nouveau média: le webdocumentaire

  • Niveau Technique

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Le webdocumentaire, même s’il est difficile à définir, semble avant tout être un objet journalistique, ou d’auteur, émergeant qui peut avoir différents formats : du très courts (4 à 5 minutes) à très long avec un système de navigation sur un site web comme l’explique Lucas Menget, grand reporter à France 24 et initiateur du prix du webdocumentaire remis pour la première fois au festival du photojournalisme « Visa » en 2009, dans son interview par Webdocu.fr (anciennement linterview.fr).

L’initiative de la création des webdocs viendrait de trois différents types de créateur de contenu : les photojournalistes, les documentaristes ou encore les artistes.

Ainsi, nous pourrions diviser les wedocumentaires en deux groupes basés sur leur réalisateur : les webdocs d’auteur et les webdocs journalistiques. Sans aucun doute, les documentaristes et les (photo)journalistes n’ont pas la même approche, et ce, même s’ils utilisent un média identique. Les documentaristes explorent la réalité d’après leur point de vue (d’auteur), alors que les (photo)journalistes analysent et transmettent la réalité d’un point de vue neutre, plus effacé, par rapport à cette réalité.

De cette façon, les webdocs journalistiques  sont plus objectifs comparativement aux webdocs d’auteur qui sont plus émotifs. Toutefois, il est souvent difficile du point de vue du spectateur de définir le webdoc comme étant d’auteur ou journalistique.

Par contre, il semble que cet objet protéiforme attire de plus en plus des photojournalistes de terrain, comme nous pouvons le lire dans l’article « Le webdocumentaire, l’avenir du photojournalisme? » de Swissinfo.ch, qui ne peuvent plus se permettre de ne réaliser que de la mono-information, c’est -à-dire de ne publier que pour un média.

En effet,  la convergence des médias et le développement d’un nombre de plus en plus grand d’informations de niches obligent la recherche de fond sur le terrain à engendrer plus d’un article de journal ou reportage télévisé si elle veut être rentable.

Cette transformation d’un métier par le web m’intéresse beaucoup. Aussi, à des fins de facilité de lecture, je ne prendrai plus que le point de vue des photojournalistes dans la création de webdocumentaires dans la suite de cet article.

Les 4 niveaux d’information qui composent le webdocumentaire

  • Le son (interview, son d’ambiance, musique)
  • L’image fixe (essentiellement des photos, mais aussi des cartes géographiques)
  • L’image animée (film, animation de photos, animation d’éléments graphiques et textuels)
  • Et le texte (le contenu de la recherche, les réflexions du journaliste et la narration ou le fil conducteur du webdocumentaire)

En capturant et / ou en produisant ces différents contenus lors de leurs recherches, les journalistes se donnent matière à réaliser un webdoc qui va synthétiser et combiner ces différents médias.

Cependant, cela ne se limite pas à ça, puisqu’ils peuvent également utiliser ces différents types de contenu pour écrire un ou des articles, vendre des photos à différents journaux, voire monter une exposition ou encore réaliser un film documentaire pour un canal spécialisé. Ainsi, le ou les journalistes vont glaner sur le terrain les différents éléments nécessaires pour atteindre les différents types de médias et niches à leur disposition.

Le webdoc, une expérience journalistique partagée avec le « lecteur »

Outre ce premier aspect d’optimiser l’utilisation des contenus récupérés, ces niveaux d’information permettent aux journalistes, par la création d’un webdoc, de réellement faire entrer leurs « lecteurs » dans une expérience journalistique qui vient alimenter les différents sens :

Le son

Il alimente l’oreille en donnant une couleur acoustique à la réalisation et nous immerge dans l’atmosphère de l’expérience vécue sur le terrain par le journaliste. De plus, cela nous permet de mettre un ton et une voix sur les visages des personnes photographiées et / ou interviewées.

L’image fixe

Elle fournit de la matière à notre vue comme l’image animée, mais de manière différente. L’image fixe impose un cadrage fixe, donc un point de vue arrêté dans le temps qui met en exergue un instant capturé par le photojournaliste. Cela nous permet d’assimiler et de conscientiser cet instant choisi par celui-ci (pour sa beauté, sa réflexion sociale ou autre) que nous aurions peut-être raté s’il n’avait pas mis le doigt dessus.

L’image animée

Qu’elle soit filmée ou animée en postproduction, elle nous impose aussi un point de vue, par son cadrage, mais nous met en perspective un moment plutôt qu’un instant. Ce moment peut contenir une action complète ou une suite d’actions qui nous apporte une meilleure compréhension du contexte et des actions entreprises. Cependant, de par t la plus longue durée du temps de « l’image capturée », l’image animée laisse moins de place à l’imagination, de même qu’à l’identification et à la conscientisation d’un instant particulier.

En conclusion, l’image fixe marque l’esprit, alors que l’image animée engendre des émotions.

Le texte

Il s’adresse directement à notre système cognitif en approfondissant les marques dans notre esprit et les émotions engendrées par les images fixes et animées tout en synthétisant le travail de recherche réalisé.

Néanmoins, il ne sert pas qu’au travail de synthèse de la recherche, mais également comme fil conducteur dans le cheminement narratif du webdoc et parfois aussi comme élément graphique dans les images animées.

L’interactivité

Celle-ci n’est pas présente dans tous les webdocs, mais elle est une constituante qui peut être très importante, voire indispensable pour certains types de webdocs, surtout pour ceux qui veulent vraiment profiter des possibilités du média web sur lequel ils diffusent leurs réalisations.

Cette interactivité donne aux lecteurs un pouvoir de décision plus ou moins large, d’après le webdoc, quant à l’ordre de lecture des différentes séquences, articles ou autres et lui laisse la possibilité de quitter et de revenir à la visualisation du webdoc sans jamais devenir dépendant du média comme on l’est avec un documentaire diffusé à la télévision.  Parfois, cette interactivité va vraiment plus loin et est directement inspirée des jeux vidéo. Elle peut même devenir un constituant majeur de la narration au point de rappeler les beaux jours des « livres dont vous êtes le héros ».

Il existe également d’autres types d’interactivité comme celle de demander au spectateur de devenir coauteur de l’œuvre en construction en envoyant des contenus (images, vidéos, etc.).

Où trouver des webdocs?

Maintenant que nous avons décortiqué un peu ce qu’est un webdocumentaire et afin que vous puissiez vous en faire une meilleure idée, je vous propose une liste de ressources qui vous permettront d’explorer ce nouveau genre journalistique ou d’auteur qui a le vent en poupe en France depuis un peu plus d’un an et un peu moins au Québec, même s’il est présent au Québec depuis 2008 avec la sortie de Capturing Reality.

Des webdocs importants

Au Québec : PIB – L’indice humain de la crise économique canadienne par l’ONF

En France : Prison Valley – L’industrie de la prison par Arte

En France : Les communes de Paris

Les agrégateurs (et généralement producteurs) de webdocs

Webdocu.fr

ONF/interactif

Webdocs – Arte

Webdocumentaires – Lemonde.fr

Webdocumentaires – France 24

Webdocs – France 5

MediaStorm

NYTimes section multimedia, « Interactive Feature » dans la colonne du milieu.

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