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Le brainstorm ou l’attaque d’un problème en mode commando

Rédigé par Sylvain Dady | 12 août 2009 00:00:00

De seule à plusieurs

 

Je fais partie des gens qui instinctivement pensent que pour réfléchir correctement, il faut s’isoler dans sa bulle de concentration, seule.

En fait, quand on a un problème, on devrait plutôt après avoir réfléchi seul et si la solution recherchée n’est toujours pas trouvée, se tourner vers les autres pour demander de l’aide. Nous sommes dans une ère collaborative, alors pourquoi rester seule face à son ordinateur, il faut apprendre à se réunir et à utiliser intelligemment les idées des autres. Vous avez des compétences? Mettez-les en commun avec d’autres personnes aussi inestimables que vous, ce qui en ressortira ne sera que plus riche et l’expérience prolifique.

Si vous vous mettez dans cet état d’esprit, le brainstorm va s’imposer de lui-même comme la réponse à vos questions.

L’origine du brainstorm

Traduisible mot à mot par la tempête de cerveau, le mot « brainstorm » signifie en anglais, en allemand et en russe « attaquer en groupe, prendre d’assaut ». Tout un programme…

La paternité de cette pratique est attribuable à Alex Osborn, publicitaire américain co-fondateur de l’agence BBDO. C’est lui le O. Il en a d’ailleurs par la suite tiré une méthode plus structurée, le Creative Problem Solving.

L’idée est de favoriser la créativité et l’échange d’idées riches en groupe. En bref, donner à un groupe aux idées et expériences diversifiées et larges, la possibilité de résoudre des problèmes particuliers et de trouver des solutions précises. Créativité, liberté d’esprit, idéations, foisonnement, intelligence, incongruités sont autant de termes qui pourraient qualifier une session de brainstorm.

Les grandes règles d’un bon brainstorm

Émettre des idées : tout le monde donne ses idées, en vrac, comme ça lui vient.

Pas de critique : on ne critique ni ne juge ni ne classe les idées des uns et des autres.

Pillage des idées : on vole et on rebondit sur les idées des uns et des autres.

Une idée, une personne : une personne développe une idée à la fois.

Chacun son tour : on ne coupe pas la parole aux autres, on ne crie pas, on ne hurle pas et on respecte les autres.

Stupide mais intéressant : on encourage les idées farfelues et improbables. De l’idée stupide de l’un peut jaillir une idée brillante de l’autre.

Vous êtes gênés? Ne le soyez pas, personne ne doit se sentir jugé. C’est grâce à une « désinhibition » naturelle et en évitant l’autocensure que les gens se détendent et qu’on arrive aux meilleurs résultats.

Comment faire?

Le sujet : rappelez l’objectif de la réunion, le cadre dans lequel elle s’inscrit et en quoi vous avez besoin de l’aide de vos collaborateurs.

Les règles : rappelez les règles d’un brainstorm. Vous pouvez même les écrire au tableau, de manière à ce que tous aient la même connaissance.

La durée : préciser combien de temps vous allez consacrer à chaque partie de la réunion : échange d’idées, organisation, priorisation, etc.

Votre rôle : vous êtes le scribe, l’organisateur, l’encadreur, le relanceur d’idées. Vous maîtrisez le flux des idées et le flux de vos collaborateurs. Vous êtes la mémoire de la réunion. Notez tout à la vue de tous, sur un tableau, sur un document projeté dans la pièce, etc.

L’objet : si vous sentez une difficulté à ce que chacun respecte la parole de l’autre, vous pouvez utiliser un objet. Le principe est que c’est celui qui a l’objet en main qui s’exprime; les autres respectant son moment de parole. J’ai déjà vu des compagnies où les participants se passaient un poulet en caoutchouc lorsque c’était leur tour. Chacun son truc…

Conclure le brainstorm

Une étape plus difficile mais qui validera si le brainstorm a été efficace ou pas. Voici les étapes à respecter dans ce moment-là :

Rappeler l’objectif de la réunion et du mandat.

Passer en revue toutes les idées énoncées et éliminer celles qui ne sont pas pertinentes au regard de cet objectif.

Regrouper les idées pertinentes par thème, les inverser, en sortir les conclusions véritablement exploitables. Souvent cette étape est réalisée par une seule personne.

En guise de conclusion, quelques pièges à éviter pour mener un brainstorm correctement.

Il faut éviter de donner la parole aux personnes présentes dans un ordre préétabli, chacun à tour de rôle, avec un temps imparti. Cela peut être perçu comme un moment de performance alors qu’en réalité, il s’agit ici de collaboration dénuée de rivalité. Il n’y a pas de star qui prend toute la place dans un brainstorm. La réelle star, ce sont les idées. Concentrez-vous sur elles.

Il ne faut pas considérer que les experts auront obligatoirement la réponse parce qu’on aborde leur domaine d’expertise. Il s’agit ici de trouver de nouvelles idées, entourez-vous donc de personnes qui sauront apporter un regard neuf sur le mandat. Les idées sont farfelues et les personnes toutes autant, tant mieux, on veut du nouveau.

Ne pas plaisanter serait dommage. Il faut essayer d’oublier le cadre du travail habituel, oublier les éventuels rapports hiérarchiques et avoir de l’humour. Ce dernier point est une forme d’intelligence dont peuvent surgir les meilleures idées.

À vos tableaux, à vos crayons, à vos cerveaux!