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Entrevue exclusive avec Elizabeth Plank, experte du contenu viral
1L’art de la gestion de projet2Un projet à succès commence par une bonne gouvernance3Cascade, agilité, demandes de changement?

Entrevue exclusive avec Elizabeth Plank, experte du contenu viral

  • Niveau Technique
Médias sociaux

Depuis son arrivée à New York et dans la sphère médiatique en 2013, Élizabeth Plank bat tous les records. Avant qu’elle ne mette les pieds dans la salle de nouvelles de Mic.com, une plateforme Web s’adressant à la génération Y, le site comptait près de 3,2 millions de visites par mois. Trois mois après son embauche et sa rapide évolution jusqu’à la tête de l’équipe éditoriale, la compagnie a vu ses visites mensuelles augmenter de plus de 200 %.

 

Son parcours est réellement fascinant. Avant même de s’établir à New York, elle complétait ses études à la London School of Economics tout en rédigeant des articles pour le Huffington Post. C’est à ce moment qu’elle a réussi sa première campagne virale lorsque sa pétition sur la plateforme Change.org a récolté plus de 55 000 signatures et a réussi à faire reculer une importante décision de l’Amateur International Boxing Association (AIBA) qui voulait contraindre les athlètes de boxe féminine à porter une jupe durant leurs performances aux Jeux olympiques de Londres en 2012.

Source : Pinterest.com

Les succès s’enchaînent depuis, allant de ses articles hautement discutés et partagés à ses nombreuses apparitions à la télévision et à sa récente nomination au prestigieux palmarès Forbes des 30 personnes du monde médiatique les plus influentes et ayant moins de 30 ans. En début d’année, la sortie de sa série web Flip the Script a pulvérisé tous les records chez Mic, son épisode le plus performant ayant récolté plus de 16 millions de vues.

Source : digiday.com

Sa façon originale d’explorer les enjeux qui touchent sa génération et son approche parfaitement adaptée à son public contribue certainement à son succès. Cette nouvelle façon d’influencer, de communiquer et d’éduquer le public est en pleine croissance. Dans le cadre de sa conférence Nouveaux médias, nouvelles approches aux RDV Média Infopresse, je lui ai posé quelques questions sur les facteurs de succès du contenu partagé en ligne.

Que faut-il considérer si on veut créer un contenu qui suscitera de l’intérêt sur les médias sociaux?

Il y en a plusieurs, mais d’abord je crois beaucoup à l’importance de l’identité. Les facteurs qui détermineront si quelqu’un partage ou non un article sont directement liés à son bagage identitaire, à ce qui est important pour lui. On peut être interpelé par une cause qui nous tient à coeur, mais aussi lorsqu’on réalise soudainement qu’on partage les mêmes petits irritants du quotidien avec d’autres. Quand j’ai commencé à écrire, j’ai réalisé que l’idée que seuls les vidéos de chats ou de contenu futile ont le pouvoir de devenir viraux est en fait préconçue. Partager du contenu en ligne est une façon concrète pour les milléniaux (génération Y) de s’exprimer et de partager leurs opinions avec leur entourage ou des groupes d’intérêts.

Pour ce qui est de mon travail, j’ai un grand intérêt pour les enjeux sociaux en général et je crois que ce sont notamment ces sujets qui touchent l’identité des lecteurs qui ont contribué à ce que mes articles soient plus largement partagés. Un autre point important est le Story Telling. Le cerveau humain comprend tout simplement mieux l’information lorsqu’il y a une histoire qui sert à l’expliquer. Ce qui est intéressant avec l’émergence des nouvelles plateformes médiatiques, c’est qu’il est maintenant possible de raconter une histoire avec du contenu pertinent et de bonne qualité.

Dans ton travail et tes conférences, tu abordes souvent le facteur de l’émotion, qui pousse les gens à avoir envie ou non de partager quelque chose. Quelles émotions devrions-nous tenter de susciter lorsque nous créons du contenu?

Les émotions les plus fortes sont celles qui risquent le plus de susciter une réaction chez l’individu, allant du simple partage à la prise de conscience et, au final, c’est ce que je désire créer. Lorsque j’écris à propos d’un politicien qui tente de réguler l’avortement ou une femme en course pour la présidentielle américaine, je veux susciter une émotion marquante, car ce sera celle qui a plus de chance de pousser à l’action, que ce soit en se renseignant davantage, en allant voter aux prochaines élections ou en contactant l’élu de son quartier pour discuter d’une problématique locale. Lorsque j’écris, je ne pense pas nécessairement à concevoir mon contenu pour qu’il soit partagé en ligne, mais plutôt pour qu’il interpelle les émotions qui poussent à l’action. Mon travail des dernières années a démontré que ce type de contenu est aussi celui qui est largement partagé et c’est une bonne nouvelle!

As-tu des exemples de compagnies qui réussissent à bien tirer leur épingle du jeu comme le fait Mic pour rejoindre les milléniaux?

On est dans un moment intéressant dans les médias où un immense bassin d’individus s’intéresse à une infinité de choses. Aussi, on remarque que les individus ne sont plus nécessairement regroupés et ciblés par leurs nationalité ou par leur âge, mais bien par les intérêts qu’ils ont en commun.

Ce que Buzzfeed a créé est un modèle très fort, pas parfait, certes, mais tout de même intéressant dans la mesure où il a réussi à bâtir une plateforme qui rejoint un bassin très large de personnes, et que le contenu de Buzzfeed va maintenant bien au-delà des images de bébés animaux ou de listes anodines qu’on a beaucoup vu circuler.

J’aime beaucoup aussi le modèle du site d’information Vox, dont la mission est d’expliquer l’actualité aux lecteurs et de rendre les nouvelles accessibles aux générations plus jeunes ou moins éduquées sur certains enjeux. C’est un modèle qui a pour objectif d’outiller son lectorat et lui permettre de mieux comprendre son environnement et le monde dans lequel il vit.

Finalement, quel conseils donnerais-tu à une compagnie ou à une personne qui veut travailler son image de marque sur les médias sociaux?

Être authentique. Qu’on soit une entreprise, un particulier ou Hilary Clinton, l’authenticité est une qualité de plus en plus recherchée. Les générations plus jeunes ont été propulsées dans un monde largement préfabriqué et sont entourées d’images modifiées et scénarisées. Ils cherchent donc une échappatoire. Une application comme Snapchat est d’ailleurs une très bonne plateforme pour diffuser du contenu brut et authentique, et je crois que ça explique grandement sa popularité.

Pour suivre Élizabeth sur les médias sociaux :

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Twitter & Instagram: @Feministabulous

Snapchat: Lizplank